compagnontailleur de pierre du Devoir, La-FidĂ©litĂ©-d’Argenteuil. Jean Bernard (1908-1994), lui aussi artiste complet (tailleur de pierre, sculpteur, peintre, Ă©crivain), fut le rĂ©novateur du compagnonnage en France. Il est Ă  l’origine de l’Association ouvriĂšre des Compagnons du Devoir du Tour de France et Tailleurs de pierre et maçons © BnF Le travail du tailleur de pierre consiste Ă  donner sa forme Ă  la pierre, autrement dit Ă  la tailler en vue du travail des maçons. Les blocs rĂ©alisĂ©s par le tailleur de pierre peuvent parfois intĂ©grer des moulures et des ornementations. Dans les textes du Moyen Âge, les termes dĂ©signant le maçon et le tailleur de pierre sont parfois utilisĂ©s indiffĂ©remment car le maçon dit supĂ©rieur », ou le maĂźtre maçon, savent tailler la pierre. Le tailleur de pierre travaille sur les chantiers de taille situĂ©s soit en sortie de carriĂšre, soit sur les chantiers de construction. Il n’est pas rare que les pierres soient d’abord dĂ©grossies et prĂ©-calibrĂ©es directement dans la carriĂšre, en raison du prix de transport Ă©levĂ© des pierres on Ă©value en effet que le prix du transport d’une charrette de pierres de la carriĂšre au chantier distant de 18 km Ă©quivalait au prix de la pierre achetĂ©e dans la carriĂšre. À Troyes, par exemple, vers la fin du 13e siĂšcle, ce sont les ouvriers du chantier de la cathĂ©drale eux-mĂȘmes qui se rendent Ă  la carriĂšre pour y tailler, en compagnie de l’architecte, et qui y restent le temps voulu. Les diffĂ©rentes opĂ©rations L’équarrissage Une des premiĂšres Ă©tapes du travail du tailleur de pierre est l’équarrissage qui consiste Ă  tailler le bloc pour en faire un parallĂ©lĂ©pipĂšde. Dans un premier temps, on taille une ciselure sur l’une des faces. Ensuite on pose une rĂšgle en bois et une Ă©querre sur cette ciselure afin d’avoir un repĂšre de dĂ©part et l’on taille alors une deuxiĂšme ciselure sur le cĂŽtĂ© opposĂ© de la mĂȘme face, le but Ă©tant ensuite d’aligner les deux afin de pouvoir tailler de façon plane une face du bloc. Un chantier au Moyen Âge © BnF On enlĂšve alors la matiĂšre en excĂ©dent afin d’obtenir un bloc parallĂ©lĂ©pipĂ©dique dont les faces sont taillĂ©es grossiĂšrement. Outre la rĂšgle et l’équerre, l’équarrissage nĂ©cessite l’emploi d’un pic quand la pierre est dure ou ferme, ou d’une polka dans le cas d’une pierre tendre. Plus rarement, c’est Ă  l’aide d’un marteau taillant ou de la bretture que cette tĂąche est effectuĂ©e. Le dĂ©grossissage Le tailleur procĂšde ensuite au dĂ©grossissage qui consiste Ă  mettre le bloc Ă  la taille voulue par rapport aux besoins du chantier ; c’est ce que l’on appelle le "bloc capable". GrĂące Ă  un gabarit, le bloc est mis aux cotes en taillant tout l’excĂ©dent de matiĂšre. Outre les pierres de taille Ă©quarries destinĂ©es aux murs et aux saillies Ă  angle droit, certaines pierres diffĂšrent de la forme quadrangulaire les colonnes, les corniches, les dĂ©cors sculptĂ©s. Le tailleur reporte alors sur la pierre les contours de la piĂšce Ă  fabriquer Ă  l’aide d’un modĂšle et d’une pointe de fer. On doit ensuite Ă©panneler le bloc, c’est-Ă -dire prĂ©parer les sculptures. C’est la taille prĂ©paratoire d’une moulure ou d’un ornement qui consiste Ă  Ă©liminer la pierre excĂ©dentaire afin d’obtenir le profil et la forme. Moulures et sculptures sont ensuite effectuĂ©es Ă  l’aide d’un ciseau et d’un maillet Les outils du tailleur de pierre © BnF Les outils du tailleur de pierre Le pic est sans doute l’outil le plus ancien dans le travail de la pierre. La lame en fer se termine par deux pointes pyramidales et acĂ©rĂ©es. Elle est montĂ©e sur un manche en bois. Cet outil permet d’équarrir les blocs de pierre en enlevant les plus grosses aspĂ©ritĂ©s. Les deux autres outils les plus rĂ©pandus sont le marteau taillant et surtout la polka. Le marteau taillant ou smille sert essentiellement Ă  travailler les pierres tendres. Il permet de les dĂ©grossir et d’enlever les Ă©paisseurs en excĂ©dent par petits Ă©clats, et sert Ă  parfaire la face d’une pierre tendre en l’aplanissant aprĂšs l’opĂ©ration de dĂ©grossissage. Il est muni de deux tranchants lisses et droits qui sont parallĂšles au manche. Il ressemble un peu Ă  une double hache dont le tranchant serait droit au lieu d’ĂȘtre arrondi. Quand les tranchants sont dĂ©coupĂ©s de maniĂšre Ă  former des dents plates, il s’agit d’une bretture. La polka La polka sert Ă  Ă©quarrir et parementer les pierres tendres grĂące Ă  son tranchant vertical. Pour creuser des Ă©videments et dĂ©gager les moulures, les tailleurs de pierre utilisent la polka du cĂŽtĂ© oĂč son tranchant est disposĂ© perpendiculairement au manche. À partir du 14e siĂšcle, mais surtout au 15e, elle est frĂ©quemment munie de dents et dĂ©nommĂ©e alors polka brettĂ©e. Cet outil est composĂ© d’une lame mĂ©tallique Ă  deux tranchants disposĂ©s l’un, perpendiculairement au manche, l’autre, parallĂšlement. La lame de la polka simple ou brettĂ©e est montĂ©e sur un manche d’environ 50 cm de long. Comme le montrent les images mĂ©diĂ©vales, Ă  la fin du 14e siĂšcle et encore plus frĂ©quemment au 15e siĂšcle, beaucoup de tailleurs de pierre manient la polka assis sur des tabourets ronds Ă  un ou trois pieds. Une telle posture rend le travail plus confortable en position assise. Le manche se tient Ă  deux mains. Les outils Ă  percussion posĂ©e Les outils Ă  percussion posĂ©e, tels les ciseaux ou les gouges, sont utilisĂ©s avec un percuteur maillet ou massette. Ils servent Ă  enlever la matiĂšre en excĂ©dent lorsque l’on taille le bloc, mais sont Ă©galement utilisĂ©s dans la sculpture. Le ciseau est un outil Ă  tranchant aciĂ©rĂ©, rectiligne, effilĂ© Ă  double biseau. Le tranchant est toujours plus large que le reste du corps de l’outil. C’est un outil trĂšs commun pour la taille de la pierre au Moyen Âge. Il sert Ă  rĂ©gulariser en l’aplanissant la surface dĂ©jĂ  dĂ©grossie d’un bloc, mais permet aussi d’effectuer des arĂȘtes rectilignes ou encore de faire des tailles de ciselures, dĂ©coratives et des Ă©videments. Selon la duretĂ© de la pierre, on utilise des modĂšles diffĂ©rents. Des ciseaux munis d’une soie et d’un manche en bois sont utilisĂ©s pour les pierres tendres tandis que pour la pierre dure, ils sont entiĂšrement mĂ©talliques. Pour faire des effets de finition, un autre outil proche du ciseau est utilisĂ© au Moyen Âge, la gradine qui se diffĂ©rencie du ciseau par la division de son tranchant en dents plates. Ces instruments sont par ailleurs employĂ©s pour rĂ©aliser des creusements divers et parementer les blocs d’appareil, mais surtout pour la sculpture. Un tailleur ajuste l’arĂȘte d’un bloc de pierre Ă  l’aide d’une ripe © BnF La broche ou poinçon est formĂ©e d’une tige de fer de section circulaire ou orthogonale dont une extrĂ©mitĂ© est acĂ©rĂ©e et prĂ©sente une forme pyramidale Ă  quatre faces. L’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e, appelĂ©e tĂȘte, est lĂ©gĂšrement biseautĂ©e. Elle sert Ă  Ă©quarrir les blocs, Ă  dĂ©grossir les pierres dures, Ă  rĂ©duire une surface
 Elle permet Ă©galement d’ébaucher des sculptures. Cet outil est toujours utilisĂ© en association avec une massette de fer. La ripe est un outil dit Ă  percussion posĂ©e Ă  main puisqu’il ne nĂ©cessite pas de percuteur. Elle est composĂ©e d’une tige de fer dont les extrĂ©mitĂ©s, aplaties et recourbĂ©es en sens opposĂ©, constituent les tranchants. Cet outil est toujours tenu Ă  deux mains, la droite appuyant verticalement sur l’outil prĂšs du tranchant, la gauche le tirant vers lui ou sur le cĂŽtĂ©. GrĂące aux marques spĂ©cifiques laissĂ©es par la ripe sur les parements et en particulier sur les moulures, il est attestĂ© que cet outil a Ă©tĂ© utilisĂ© assez couramment aux 14e et 15e siĂšcles. Cet outil sert aussi bien pour la finition des lits et l’égalisation des faces de la pierre que pour l’élaboration des moulures. Les percuteurs sont des outils qui servent Ă  frapper d’autres outils tels que les ciseaux ou les gradines. On distingue deux grands types. Le maillet permet de travailler avec des outils qui sont munis d’une "tĂȘte champignon" spĂ©cifique pour la pierre dure. Le manche comme le corps du maillet sont en bois, ce qui permet d’amortir les vibrations créées par l’impact de la percussion sur la pierre. Le corps de l’outil peut adopter des formes trĂšs diverses tantĂŽt un cylindre droit ou cintrĂ©, tantĂŽt une sphĂšre ou encore un trapĂšze. La broche est quant Ă  elle gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e en association avec une massette, composĂ©e d’un corps de fer et d’un manche en bois dur. La partie frappante peut ĂȘtre rectangulaire, cintrĂ©e ou mĂȘme se terminer par des extrĂ©mitĂ©s Ă©vasĂ©es. Beaucoup plus exceptionnellement est attestĂ© l’emploi d’un foret. Cet outil est constituĂ© d’une mĂšche dont la rotation peut ĂȘtre entraĂźnĂ©e par divers systĂšmes. Les deux principaux outils de forage employĂ©s durant le Moyen Âge sont le foret Ă  archet et le foret Ă  pompe. Le premier est actionnĂ© par la corde d’un arc ; le second est lancĂ© par un mouvement vertical de haut en bas dĂ©roulant une corde initialement disposĂ©e en double spirale autour d’un axe prolongeant la mĂšche ; le retour de la corde Ă  son point de dĂ©part est assurĂ© par la force d’inertie d’un poids, Ă©galement fixĂ© sur l’axe. Cet outil peut servir pour creuser des dĂ©tails dans des sculptures oreilles, yeux, plis du vĂȘtement. Équarissage d’un bloc de pierre avec une bretture © BnF Calculer et mesurer Bien que non spĂ©cifiques au tailleur de pierre, divers outils servent Ă  calculer et Ă  tracer les cotes et les formes du bloc Ă  tailler. Ainsi, plusieurs modĂšles en bois de rĂšgles dont la longueur varie de trois pans environ 0, 75 m Ă  trois cannes et demie environ 7 m ou encore le compas permettent de tracer les traits de construction, les courbes, de reporter des points, etc. Il n’est pas rare que le tailleur en possĂšde plusieurs de tailles diffĂ©rentes. L’équerre est fort utile au tailleur pour l’élaboration d’un bloc ayant des faces perpendiculaires entre elles, mais aussi pour vĂ©rifier le bon Ă©querrage des diffĂ©rentes Ă©tapes de taille. En revanche, les panneaux ou gabarits sont des outils propres Ă  la taille de la pierre. En effet, l’ouvrier est amenĂ© trĂšs frĂ©quemment Ă  reproduire en de nombreux exemplaires identiques des pierres moulurĂ©es ; par consĂ©quent, il doit utiliser un gabarit dit aussi molle Ă  l’échelle rĂ©elle des dĂ©coupes frontales et des Ă©lĂ©ments d’ornement. C’est ainsi que l’on retrouve dans un inventaire dressĂ© Ă  la mort d’un maçon, Ă  Dijon, en 1398, 17 patrons de bois, grands et petits pour tailler la pierre. GĂ©nĂ©ralement, ces formes sont dĂ©coupĂ©es dans une planche de bois sec, dans de la toile ou du mĂ©tal, parfois par un charpentier ou un forgeron, selon le modĂšle fourni par le maĂźtre d’Ɠuvre. Des "signatures" sur la pierre Tailleurs de pierre © BibliothĂšque nationale de France Chaque tailleur de pierre mais Ă©galement chaque carrier possĂ©dait un signe distinctif qu’il gravait sur l’une des faces de la pierre taillĂ©e. Quand le tailleur Ă©tait embauchĂ© Ă  la tĂąche, ces marques permettaient au chef de chantier de vĂ©rifier la qualitĂ© de son travail et de dĂ©nombrer le nombre de pierres Ă©quarries pour le payer en consĂ©quence. La variĂ©tĂ© des signes employĂ©s est grande. Ce sont des figures gĂ©omĂ©triques telles que des triangles ou des pentagones, des instruments de travail comme le pic ou le marteau, des croix, des lettres, peut-ĂȘtre l’initiale de l’ouvrier. Beaucoup de ces signes gravĂ©s sur la face engagĂ©e de la pierre ne sont dĂ©couverts que lorsqu’on dĂ©truit les murs. Il ne faut pas confondre ces “signatures” avec les marques de position qui Ă©taient tracĂ©es sur la pierre Ă  l’aide de la sanguine ou de la pointe sĂšche pour aider Ă  la pose, Ă  l’appareillage, au placement des pierres ou encore Ă  l’identification des blocs qui allaient ensemble. Les blocs prĂ©-calibrĂ©s, dits aussi pierres communes, pouvaient avoir des dimensions standardisĂ©es fixĂ©es par les autoritĂ©s de la ville. Ainsi, en 1264, le ban Ă©chevinal de Douai fixe comme taille normale pour les pierres 8 pouces de longueur en parement, 6 en hauteur et 8 pour leur profondeur, soit 21 x 16 x 21 cm. Si l’on se rĂ©fĂšre Ă  ces dimensions, on a calculĂ© que pour construire une enceinte de 4 000 m de pĂ©rimĂštre pour 10 m d’élĂ©vation autour de la ville, 2 millions de pierres ont Ă©tĂ© livrĂ©es sur le chantier. La reconstruction de l’enceinte de Douai sur ses 5 300 m dotĂ©s de 80 flanquements, portes et ponts, a exigĂ© de 5 Ă  6 millions de pierres. Tailleurs de pierre et maçons Dans leur grande majoritĂ©, les tailleurs de pierre sont des hommes libres et sans attaches, recrutĂ©s selon leurs capacitĂ©s par le maĂźtre d’Ɠuvre ou le maĂźtre maçon qui dirige le chantier. Ils tendent Ă  former une aristocratie du bĂątiment Ă  la fin du Moyen Âge et entrent parfois en conflit avec les maçons qui, selon eux, posent la pierre, d’oĂč leurs noms de coucheurs ou d’asseyeurs, du mot assise qui signifie lit de pierres. Au dĂ©but du 15e siĂšcle, il n’est pas rare que ceux qui taillent la pierre soient davantage payĂ©s que ceux qui la posent, les maçons. Deux formes de rĂ©tribution sont attestĂ©es pour ce corps de mĂ©tier soit une somme forfaitaire pour un travail dit Ă  la tĂąche ou bien un salaire dit Ă  la journĂ©e ou Ă  la semaine. À cela s’ajoutent souvent des avantages dĂ©taillĂ©s dans les livres de compte, tels que des rations supplĂ©mentaires de vin, de nourriture et mĂȘme de bois de chauffage, surtout si l’ouvrier doit demeurer un certain temps sur le chantier. SedĂ©voilent sous vos yeux, 80 chefs d’Ɠuvre de compagnons et les maquettes de l’ancienne Ă©cole des apprentis. Des travaux passionnants de charpentiers, Ă©bĂ©nistes, tailleurs de pierre, menuisiers, cuisiniers, souffleurs de verre, maçons, plombiers, carreleurs, mosaĂŻstes, vitraillistes, selliers qui allient tradition et modernitĂ©.
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1Parler de compagnonnage Ă©voque immĂ©diatement la notion de transmission des savoirs. C’est au demeurant sous l’intitulĂ© descriptif et explicite de Le compagnonnage, rĂ©seau de transmission des savoirs et des identitĂ©s par le mĂ©tier » qu’en 2010 l’Unesco l’a inscrit sur la liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de l’humanitĂ©. 1 La recherche sur les compagnonnages français souffre d’un dĂ©ficit d’études sĂ©rieuses, mĂȘme si depu ... 2 Sur les confusions et interfĂ©rences entre franc-maçonnerie et compagnonnage, voir MathoniĂšre ... 3 Sur la question de la transmission dans les compagnonnages, voir MathoniĂšre, La transmissi ... 2Mais il est difficile de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment ce en quoi consiste, au travers des Ăąges, le compagnonnage1. À l’image ambiguĂ« de la transmission de maĂźtre Ă  disciple de procĂ©dĂ©s et de tours de main plus ou moins secrets se superpose l’aura mystĂ©rieuse de rites initiatiques plongeant leurs racines dans la nuit des temps. Au-delĂ  des clichĂ©s romantiques complaisamment colportĂ©s et de la confusion frĂ©quente avec la franc-maçonnerie2, qu’en Ă©tait-il vraiment, dans un passĂ© pas si lointain, un passĂ© d’avant les grilles de lecture anthropologiques qui, employĂ©es sans recul quant Ă  la validitĂ© historique des sources, peuvent quelquefois nous entraĂźner Ă  Ă©riger des totems anachroniques ? Peut-on vraiment rĂ©duire le mouvement compagnonnique Ă  une transmission de savoirs professionnels ? La transmission de rites et de croyances ne serait-elle pas bien plus dĂ©terminante de son identitĂ©3 ? 3Étudiant depuis plus de vingt ans le cas des compagnons tailleurs de pierre Ă  partir de sources fiables, je vous propose d’en dĂ©couvrir quelques aspects afin de disposer d’un matĂ©riau ne prĂ©sumant pas de la rĂ©ponse avant mĂȘme d’avoir posĂ© les questions. 4 C’est A. Perdiguier, premier historiographe des compagnons, qui, en publiant en 1841 son cĂ©lĂšbre L ... 4Ce qu’il convient de retenir des avancĂ©es rĂ©centes sur l’histoire des compagnonnages j’insiste sur ce pluriel, c’est qu’en rĂ©alitĂ©, nombre d’usages que l’on croyait trĂšs anciens et communs Ă  tous les mĂ©tiers, par exemple la pratique du chef-d’Ɠuvre de rĂ©ception ou encore le tour de France, ne le sont pas nĂ©cessairement. On devrait Ă©viter de parler du compagnonnage au singulier4. 5Ainsi, avant le milieu du xxe siĂšcle, les tailleurs de pierre ne pratiquaient pas l’épreuve du chef-d’Ɠuvre sous forme de modĂšle rĂ©duit d’un Ă©lĂ©ment d’architecture afin d’ĂȘtre reçus compagnons. Et avant le dĂ©but du xixe, le tour de France n’était pas chez eux une sorte de pĂ©riple initiatique » oĂč, au grĂ© d’un certain nombre d’étapes, ils franchissaient des Ă©preuves afin d’ĂȘtre in fine investis du titre de compagnon. En rĂ©alitĂ©, ce voyage, qui n’était pas un tour systĂ©matique de toute la France, durait alors le temps qu’ils jugeaient nĂ©cessaire ou qu’ils pouvaient y consacrer avant de revenir dans leurs foyers pour s’y marier et prendre la succession de l’entreprise familiale. La durĂ©e moyenne Ă©tait gĂ©nĂ©ralement de quatre ans, et c’était un tour des grandes mĂ©tropoles Ă©conomiques rĂ©gionales oĂč leur sociĂ©tĂ© compagnonnique possĂ©dait des siĂšges, c’est-Ă -dire que le compagnonnage Ă©tait avant tout un rĂ©seau de solidaritĂ© fraternelle auquel on adhĂ©rait avant mĂȘme de partir sur les routes, ainsi qu’en attestent clairement les rĂšglements du xviiie siĂšcle. C’est seulement Ă  partir du dĂ©but du xixe que, par un phĂ©nomĂšne d’uniformisation des pratiques compagnonniques, s’est instaurĂ© chez les tailleurs de pierre un vĂ©ritable statut prĂ©liminaire d’aspirant, d’une durĂ©e de plus en plus longue, l’accĂšs au titre de compagnon intervenant au terme de la rĂ©alisation d’une partie significative du tour de France. 6Oublions un instant ce que l’on croit dĂ©jĂ  savoir sur le sujet et portons un regard neuf sur les faits et les documents eux-mĂȘmes. 7La transmission des savoirs chez les compagnons tailleurs de pierre des xviiie et xixe siĂšcles pourquoi cette limitation chronologique ? Pour la pĂ©riode antĂ©rieure, nous ne possĂ©dons pas suffisamment de ressources documentaires on peut penser que les compagnons sont les hĂ©ritiers directs des bĂątisseurs de cathĂ©drales », mais pour ce qui concerne leur mode particulier d’organisation, nous n’en avons pas la preuve absolue. Pour la pĂ©riode retenue, nous avons la chance de disposer de ressources documentaires suffisantes. Par ailleurs, je n’ai pas souhaitĂ© englober la pĂ©riode contemporaine, car les pratiques ont trop Ă©voluĂ© pour qu’il soit possible, en si peu d’espace, d’expliquer pourquoi et comment. On soulignera Ă©galement que les discours sur la transmission, trĂšs tendance » Ă  l’heure actuelle, contribuent Ă  en modifier la nature rĂ©elle. Quel savoirs ? 8La premiĂšre question est bien Ă©videmment quels savoirs Ă©taient-ils transmis ? 5 DĂ©couvert en 1996, ce fonds a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par L. Bastard et moi-mĂȘme et il a fait l’objet d’une pub ... 6 Voir chap. Le rĂŽle », dans L. Bastard et MathoniĂšre, Travail et honneur
, p. 38-50. 7 Voir chap. Le rĂŽle atypique de 1782 », dans L. Bastard et MathoniĂšre, Travail et honneur
,... 9Parmi les dĂ©couvertes ayant le plus contribuĂ© Ă  amĂ©liorer nos connaissances figurent les archives des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon, archives qui couvrent de maniĂšre Ă  peu prĂšs continue la pĂ©riode allant du dĂ©but du xviiie siĂšcle Ă  18705. Le document le plus remarquable est un rĂŽle en date du 1er janvier 1782. Le rĂŽle est tout Ă  la fois un document administratif et un document sacrĂ©6 c’est pendant son dĂ©voilement aux candidats que ceux-ci sont littĂ©ralement sacrĂ©s » compagnons. Le frontispice de celui de 17827 est d’une ampleur inĂ©galĂ©e fig. 1 il nous prĂ©sente notamment les savoirs cultivĂ©s dans cette sociĂ©tĂ© compagnonnique, ou du moins, ceux qui y sont Ă  l’honneur. C’est Ă  partir de ce rĂŽle que nous explorerons ce sujet. Fig. 1. – Frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon en date du 1er janvier 1782. Arch. dĂ©p. Vaucluse, 1J 647/4. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre Le mĂ©tier de tailleur de pierre La taille de pierre 10Pour entrer dans les rangs de la confrĂ©rie, il convenait d’ĂȘtre dĂ©jĂ  formĂ©, ainsi que le stipule en 1778 l’article premier du rĂšglement des compagnons passants tailleurs de pierre de Bordeaux 8 L. Bastard et MathoniĂšre, Travail et honneur
, p. 61-66. Tout tailleur de pierre qui se prĂ©sentera pour ĂȘtre reçu compagnon passant sera tenu de faire preuve [
] de capacitĂ© suffisante dans le mĂ©tier par une ou plusieurs piĂšces de traits et par le tĂ©moignage de compagnons qui cautionneront que l’aspirant est capable de travailler du marteau8. » 11Travailler du marteau, c’est savoir tailler la pierre grĂące au marteau-taillant, l’outil principal en dehors du maillet et du ciseau fig. 2. TrĂšs concrĂštement, cela veut dire ĂȘtre capable de gagner sa vie en exerçant le mĂ©tier. Car l’apprentissage n’appartient pas Ă  l’association compagnonnique la formation initiale incombe aux familles qui placent les enfants en apprentissage ou l’effectuent elles-mĂȘmes, de pĂšres Ă  fils ou d’oncles Ă  neveux. Hier comme aujourd’hui encore, mĂȘme si cela est moins perceptible, la voie du compagnonnage Ă  proprement parler est celle du perfectionnement professionnel et non celle de l’apprentissage. Fig. 2. – DĂ©tail du frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon en date du 1er janvier 1782. Arch. dĂ©p. Vaucluse, 1J 647/4. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 12Faire preuve de capacitĂ© suffisante par une ou plusieurs piĂšces de traits » signifie que l’aspirant doit aussi dĂ©monter ses capacitĂ©s conceptuelles, via le dessin pour la coupe des pierres, c’est-Ă -dire la gĂ©omĂ©trie appliquĂ©e Ă  la taille des volumes. La stĂ©rĂ©otomie 13Car le trait » ou stĂ©rĂ©otomie est en rĂ©alitĂ© le savoir par excellence que cultivent les compagnons tailleurs de pierre. On le voit sobrement Ă©voquĂ© par un escalier et une niche sur le frontispice du rĂŽle de 1782 fig. 3. Fig. 3. – DĂ©tail du frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon en date du 1er janvier 1782. Arch. dĂ©p. Vaucluse, 1J 647/4. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 14Pour rappel, c’est la maĂźtrise de cette science qui permettait aux architectes d’antan d’élaborer tous les types de voĂ»tes nĂ©cessaires dans les bĂątiments fig. 4. Fig. 4. – Exemple d’ouvrage de stĂ©rĂ©otomie planche du Cours d’architecture qui comprend les ordres de Vignole par Augustin-Charles d’Aviler, Paris, 1691. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 15La connaissance de base est non seulement le dessin, mais aussi et avant tout la gĂ©omĂ©trie, ainsi que l’indique un autre dĂ©tail du frontispice oĂč l’on voit un livre traitĂ© de mathĂ©matiques et un dessin figurant un problĂšme de gĂ©omĂ©trie thĂ©orique fig. 3. 16Dans le rite rival des compagnons passants, celui des compagnons tailleurs de pierre Ă©trangers, mĂȘmes exigences bien sĂ»r quant aux futurs membres 9 RĂšglement particulier des compagnons Ă©trangers figurant dans un livret imprimĂ©, sans date vers 18 ... Il faudra ĂȘtre reconnu bon ouvrier, laborieux, intelligent, de bonne vie et mƓurs, justifier d’une bonne conduite de son passĂ©, possĂ©der les premiĂšres notions de gĂ©omĂ©trie, dessin ou coupe de pierre et en avoir au moins six mois d’études [
]9 » Lire et Ă©crire 17La plupart des compagnons tailleurs de pierre d’antan savaient gĂ©nĂ©ralement lire et Ă©crire. Et ils n’étaient pas seulement des utilisateurs des ouvrages techniques qu’ils se transmettaient de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, ils Ă©taient aussi des producteurs de livres. 10 Douliot, Cours Ă©lĂ©mentaire, thĂ©orique et pratique de construction. Voir MathoniĂšre, ... 18Je n’évoquerai Ă  ce titre que le remarquable exemple de Jean-Paul Douliot, dit la PensĂ©e d’Avignon, nĂ© Ă  Avignon en 1788 et dĂ©cĂ©dĂ© dans la mĂȘme ville en 1834, au terme d’une trop brĂšve carriĂšre qui l’aura conduit, d’abord comme compagnon passant, des travaux du pont d’IĂ©na, puis, comme architecte et professeur, Ă  l’enseignement de la coupe des pierres et de l’architecture Ă  l’École royale gratuite de dessin de Paris. De 1825 Ă  sa mort, la PensĂ©e d’Avignon publiera plusieurs volumes d’un cours Ă©lĂ©mentaire, pratique et thĂ©orique de construction, comprenant un traitĂ© de coupe des pierres, un traitĂ© de charpente, un traitĂ© de gĂ©omĂ©trie et un ouvrage sur la stabilitĂ© des Ă©difices10. 19Mais les allusions aux savoirs cultivĂ©s par les tailleurs de pierre ne s’arrĂȘtent pas Ă  la gĂ©omĂ©trie et Ă  la stĂ©rĂ©otomie. Loin de là
 Les autres savoirs professionnels L’architecture 20Les atlantes qui encadrent la scĂšne du frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon de 1782 fig. 1 nous rappellent que, finalement, ce n’est pas de taille de pierre qu’il s’agit, mais bien d’architecture dans son ensemble. Ils proviennent directement du Cours d’architecture de Jacques-François Blondel, publiĂ© de 1771 Ă  1777. Le dessinateur du rĂŽle, Joseph Ponge, dit la Douceur d’Avignon, l’avait manifestement sous les yeux, tant la ressemblance est grande. C’est lui qui, quelques annĂ©es plus tard, construira le grand théùtre de Marseille, un projet validĂ© par Michel-Jean Sedaine, architecte, secrĂ©taire de l’AcadĂ©mie d’architecture de Paris, auteur dramatique reçu Ă  l’AcadĂ©mie française en 1786 et
 reçu compagnon passant tailleur de pierre vers 1740 sous le nom de la PensĂ©e de Paris. 11 Voir MathoniĂšre, Les avatars de maĂźtre Jacques ». Parmi les personnalitĂ©s rĂ©elles ou mythi ... 21Cet intĂ©rĂȘt pour l’architecture en gĂ©nĂ©ral se manifeste chez les compagnons d’antan par la possession frĂ©quente d’un exemplaire de la cĂ©lĂšbre rĂšgle » de Vignole sur les cinq ordres d’architecture, l’auteur ayant d’ailleurs inspirĂ© une partie des traits de maĂźtre Jacques, l’un de leurs fondateurs lĂ©gendaires11. La gnomonique 22On remarque sans peine la prĂ©sence d’une sphĂšre armillaire et d’un globe cĂ©leste fig. 5. Ils font surtout allusion Ă  la gnomonique. Cette derniĂšre faisait partie des savoirs que cultivaient les tailleurs de pierre, puisqu’ils rĂ©alisaient les cadrans solaires dont l’aristocratie de l’époque Ă©tait friande. Si c’est souvent aux ecclĂ©siastiques qu’incombaient le calcul et le tracĂ© des cadrans, les compagnons ne demeuraient pas en reste, ainsi qu’en atteste un petit ouvrage de 22 pages publiĂ© en 1768, L’Horologiographe universel [
] pour l’usage & la facilitĂ© des Compagnons tailleurs de pierre & Maçons, qui sont sur le tour de France. On ne saurait ĂȘtre plus explicite ! Fig. 5. – DĂ©tail du frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon en date du 1er janvier 1782. Arch. dĂ©p. Vaucluse, 1J 647/4. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 23MĂȘme s’il concerne aussi l’arpentage, c’est principalement Ă  la gnomonique que fait allusion le phare prĂ©sent au milieu du frontispice il est visiblement empruntĂ© au frontispice du plus cĂ©lĂšbre traitĂ© de l’époque, qui connut de nombreuses Ă©ditions entre 1641 et le dĂ©but du xviiie siĂšcle, celui du TraittĂ© d’horlogiographie de Dom Pierre de Sainte-Marie Magdeleine fig. 6. Fig. 6. – Frontispice et page de titre du TraittĂ© d’horlogiographie de Pierre de Sainte Marie-Madeleine, 1691. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre L’arpentage 24Entre les globes du frontispice du rĂŽle des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon fig. 5 sont rangĂ©s plusieurs objets un cadran solaire, au demeurant du mĂȘme modĂšle graphique que ceux de l’opuscule de 1768, puis une boussole, un rapporteur et un graphomĂštre Ă  pinnules, qui sont des instruments d’arpenteur. Outre ces derniers instruments et le phare, qui illustre nettement un lieu commun qu’est le problĂšme de la mesure de la hauteur des points inaccessibles, l’arpentage est encore Ă©voquĂ© par divers dĂ©tails. On remarque ainsi, au-dessus de l’évocation de la stĂ©rĂ©otomie, le dessin d’une mĂ©thode basique d’arpentage employant deux rĂšgles et la mesure de l’angle qu’elles forment. Sur la partie droite du frontispice, deux petits personnages Ă©voluent dans un verger. L’un pousse une sorte de brouette c’est un odomĂštre, instrument permettant de mesurer les distances ; l’autre porte une hotte sur le dos et s’appuie sur une canne c’est un arpenteur qui plante rĂ©guliĂšrement ses jalons afin de fixer les points de mesure. 25Plusieurs documents permettent de constater la prĂ©sence de compagnons tailleurs de pierre parmi les arpenteurs aux xviiie et xixe siĂšcles. Leur connaissance de la gĂ©omĂ©trie et de ses applications leur permettait d’exercer sans difficultĂ© ce mĂ©tier, soit Ă  part entiĂšre, soit, au moins, pour les implantations de bĂątiments. L’exemple bien documentĂ© d’un compagnon parisien, Pierre Janson dit la Palme 1661-ca 1721, partant travailler en 1688 en Nouvelle-France comme tailleur de pierre et recevant en 1708 une commission d’arpenteur royal en ce pays, permet d’avancer l’hypothĂšse que les compagnons les plus instruits changeaient de profession au grĂ© des opportunitĂ©s les plus avantageuses ou, plus simplement, des possibilitĂ©s du moment tantĂŽt simples tailleurs de pierre, tantĂŽt architectes, ingĂ©nieurs ou arpenteurs, ils savaient aussi redevenir entrepreneurs en bĂątiment si nĂ©cessaire. L’art des jardins 26À cĂŽtĂ© des deux globes du frontispice, on remarque un Ă©lĂ©gant personnage dans l’encadrement d’une allĂ©e de parc, avec au fond un jet d’eau sur un bassin circulaire. L’art des jardins fait alors partie intĂ©grante de l’architecture – il est au demeurant liĂ© Ă  l’arpentage – et c’est aussi dans les parcs qu’à cette Ă©poque, l’on pose les cadrans solaires fig. 7. Fig. 7. – Une planche et le frontispice du Cours d’architecture qui comprend les ordres de Vignole par Augustin-Charles d’Aviler, Paris, 1691. ClichĂ©s Jean-Michel MathoniĂšre 27Ainsi, les savoirs professionnels cultivĂ©s par les compagnons tailleurs de pierre Ă  la fin de l’Ancien RĂ©gime Ă©taient la gĂ©omĂ©trie, la stĂ©rĂ©otomie, l’architecture, la gnomonique, l’arpentage et l’art des jardins. Le savoir-ĂȘtre 28Il est nĂ©cessaire de citer pour mĂ©moire le fait qu’en mĂȘme temps que ces savoirs professionnels, les compagnons se transmettaient Ă©galement un savoir-ĂȘtre, des symboles, des rites et une gestuelle rituelle. 12 L. Bastard et MathoniĂšre, Travail et honneur
, chap. La rĂ©ception des honnĂȘtes compagnons ... 13 MathoniĂšre, L’ancien compagnonnage germanique des tailleurs de pierre ». 29Enfin, il n’est sans doute pas inutile de prĂ©ciser que mĂȘme si la vision du rĂŽle Ă©tait rĂ©servĂ©e aux initiĂ©s12, les compagnons tailleurs de pierre français des xviiie et xixe siĂšcles ne se transmettaient pas de secrets d’ordre technique. Si secret de mĂ©tier il a existĂ© auparavant, il touchait le trait », ainsi qu’en attestent, par exemple, des articles du rĂšglement des compagnons tailleurs de pierre germaniques au xve siĂšcle13 ou, pour rester dans le domaine français, le titre mĂȘme d’un traitĂ© de Mathurin Jousse, publiĂ© en 1642, Le secret d’architecture dĂ©couvrant fidĂšlement les traits gĂ©omĂ©triques, coupes et desrobements nĂ©cessaires dans les bastiments. Mais depuis la publication en 1567 du premier tome de l’Architecture par Philibert Delorme, le secret du trait Ă©tait dĂ©jĂ  bien Ă©venté  Quels modes de transmission ? 14 RĂŽle de Bordeaux, 1778, article 1er du chap. II Les premiers dimanche de chaque mois, les Comp ... 30AprĂšs avoir dĂ©fini quels Ă©taient les savoirs en jeu, il convient de poser la question dans quel cadre et comment les compagnons se les transmettaient-ils ? PrĂ©cisons qu’à cette Ă©poque n’existaient pas ces siĂšges compagnonniques qui, aujourd’hui, regroupent restauration, hĂ©bergement et salles de cours. Chez les compagnons du xviiie siĂšcle, la fameuse mĂšre » Ă©tait simplement une aubergiste qui, outre des repas et un hĂ©bergement Ă  prix prĂ©fĂ©rentiel, assurait aux compagnons la location d’une piĂšce pour y conserver le coffre de leur sociĂ©tĂ© et y tenir rĂ©union le premier dimanche de chaque mois14. Les cours de trait 31Ainsi que nous l’avons vu, le savoir professionnel par excellence Ă©tait – et est toujours – le trait pour la coupe des pierres. Selon les villes, son enseignement se faisait soit chez un ancien compagnon, qui percevait de ce fait une rĂ©munĂ©ration modique, soit dans un cours de dessin gratuit Ă  destination des ouvriers, comme il s’en est créé dĂšs avant la RĂ©volution et durant tout le xixe siĂšcle. Cours chez les anciens 15 Voir MathoniĂšre, La TranquillitĂ© de Cau
 32Pour ce qui est des cours donnĂ©s par les anciens, voici l’émouvant tĂ©moignage que nous offre le carnet de comptes tenu par Jean-Jacques LaurĂšs, dit la TranquillitĂ© de Caux15, durant son tour de France entre 1838 et 1842. À la date du 5 novembre 1839, il note qu’il rentre en classe pour le trait chez le sieur Ablin dit la Vertu, compagnon passant maĂźtre maçon Ă  Saintes » et dĂ©taille ses achats fig. 8 la premiĂšre semaine, 5 chandelles et 6 feuilles de papier ; deux semaines plus tard, le dimanche 19 novembre, il ajoute 4 livres de chandelles, 14 feuilles de papier de dessin, 2 crayons et un tire-ligne, 320 livres de plĂątre en pierre et enfin un peu de bois. Fig. 8. – Page du carnet de comptes du compagnon passant tailleur de pierre Jean-Jacques LaurĂšs. Archives privĂ©es. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 33Aux cours du soir, Ă  la lumiĂšre des chandelles, s’en ajoutaient donc d’autres le dimanche aprĂšs-midi, seul rĂ©el moment de loisir de la semaine pour l’ouvrier. 16 Voir MathoniĂšre, Compagnons de la maquette au chef-d’Ɠuvre », diaporama et communication ... 34Le plĂątre en pierre est employĂ©, une fois broyĂ©, Ă  rĂ©aliser des maquettes afin de vĂ©rifier les Ă©pures. Cela Ă©voque nos actuels chefs-d’Ɠuvre16 rĂ©alisĂ©s en pierre, mais cela n’en a aucunement la fonction. 35On aura notĂ© la date Ă  laquelle la TranquillitĂ© de Caux commence Ă  suivre ses cours de trait c’est le dĂ©but de la saison durant laquelle les journĂ©es de travail raccourcissent. On occupe ainsi Ă  s’instruire le temps gagnĂ©. Mais l’hiver est aussi la saison oĂč les intempĂ©ries peuvent gĂȘner le travail de la pierre. Certains compagnons occupent alors leur chĂŽmage Ă  suivre des cours de trait. Cours du soir dans les Ă©coles de dessin 36Pour ce qui est des cours du soir institutionnels, j’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© ceux de l’École royale gratuite de dessin, créée en 1767, oĂč enseigna Jean-Paul Douliot de 1818 Ă  1834. On sait par le tĂ©moignage de sa veuve toute l’attention qu’il portait aux compagnons passants, notamment avignonnais, s’efforçant de les aider aussi dans la recherche d’emploi et soulageant leurs misĂšres de sa propre bourse. 37De tels cours de trait existaient dans d’autres grandes villes, soit dans le cadre d’écoles religieuses en faveur des ouvriers ou de sociĂ©tĂ©s philomatiques, comme ici vers la fin du xixe siĂšcle Ă  l’École philomatique de Bordeaux fig. 9, soit encore dans les cours du soir dispensĂ©s par les Ă©coles des beaux-arts ou celles d’arts et mĂ©tiers, dont les professeurs Ă©taient souvent d’anciens compagnons. Fig. 9. – Cours de taille de pierre, de modelage et de sculpture Ă  l’École philomatique de Bordeaux, fin du xixe siĂšcle. Archives privĂ©es. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 38Voici, par exemple, la description par un architecte d’un cours dispensĂ© Ă  titre privĂ© par un compagnon Ă©tranger, vers 1840-1845, Ă  Paris 17 Chez les tailleurs de pierre, qu’ils soient du rite des passants ou de celui des Ă©trangers, le nom ... En mĂȘme temps que je faisais mes Ă©tudes d’architecture Ă  l’École des beaux-arts de Paris, je suivais, le soir, un cours de coupe des pierres. C’était dans un vieux quartier central, mais trĂšs laid, oĂč, depuis, la dĂ©molition a fait son Ɠuvre salutaire, et dans une sorte de boutique, Ă  l’aspect un peu cabaret, servant de rĂ©union pour les tailleurs de pierre. Cette boutique Ă©tait comme le vestibule d’une grande piĂšce qui y faisait suite et qui Ă©tait une Ă©cole de trait professĂ©e par le trĂšs habile appareilleur bien connu alors sous son nom de compagnonnage, la Fleur de Coutras17, constructeur du pont de Neuilly entre autres, et que venaient souvent consulter les grands architectes. La Fleur de Coutras Ă©tait bien le type de ce que j’appellerai l’ouvrier savant dans sa spĂ©cialitĂ©, simple et digne dans ses rapports aussi bien avec les architectes et les ingĂ©nieurs qu’avec ses coopĂ©rateurs, inspirant le respect et la confiance Ă  tous. 18 Gaspard George 1822-1908, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique d’architecture de Lyon, dans La Con ... Des modĂšles de toute espĂšce de coupes de pierres, voĂ»tes biaises, rampantes, encorbellements, pĂ©nĂ©trations, etc., garnissaient le pourtour de la piĂšce, et le maĂźtre nous faisait exĂ©cuter, en plĂątre bien entendu, ces diffĂ©rentes Ɠuvres. Ce n’étaient point de simples copies que nous avions Ă  faire ; tout Ă©tait fondĂ© sur l’application exacte de la gĂ©omĂ©trie descriptive, et nous Ă©tions tout Ă©tonnĂ©s qu’en suivant ses prescriptions nos Ɠuvres en plĂątre arrivaient si nettement, je dirai presque si facilement, sans tĂątonnement, sans erreur, Ă  rĂ©aliser ces coupes, Ă  premier abord si compliquĂ©es18. » Les cours compagnonniques 39Dans le cours du xixe siĂšcle, les compagnons cherchĂšrent aussi Ă  s’organiser entre eux. Ainsi, en 1846, les compagnons passants tailleurs de pierre de Paris montĂšrent-ils un cours de trait dont le rĂšglement nous fournit de prĂ©cieuses indications quant Ă  son organisation et Ă  l’idĂ©e qui y prĂ©side lutter contre la perte d’influence de leur sociĂ©tĂ© compagnonnique. 40Son prĂ©ambule fait table rase de certaines visions par trop romantiques. Il prĂ©cise en effet que 19 D’aprĂšs un document des archives de la Chambre des compagnons passants tailleurs de pierre de Pari ... [
] Comme tous les compagnons ont Ă©tĂ© jusqu’alors libres de s’instruire selon leur propre vue, ils sont tombĂ©s, les uns dans la dĂ©bauche du vin et des femmes, les autres, plus studieux, se sont instruits, chose assez rare. Mais le libre exercice de ce temps si prĂ©cieux peut ĂȘtre employĂ© plus utilement pour l’instruction de chaque Compagnon ce qui ne peut que donner un trĂšs beau relief a notre sociĂ©tĂ©, et nous procurer une foule d’hommes trĂšs capables. Car depuis quelques annĂ©es les sciences et les arts se propagent, l’étude est une mode acceptĂ©e par tout le monde, ce qui tend Ă  amoindrir nos lumiĂšres, les mƓurs changent. Eh bien, courons au-devant du progrĂšs ! Oui mes chers Coteries, pour que l’illusion continue, pour que la fraternitĂ© qui unit tous les Compagnons continue son rĂšgne telle qu’elle a existĂ© pendant des milliers d’annĂ©es, il faut une Ă©tude sĂ©rieuse qui nous Ă©lĂšve et nous fasse rechercher. Si nous le faisons, ce temps pesant et ennuyeux par l’oisivetĂ© deviendra un passe-temps agrĂ©able. Plus de ces flĂąneries perpĂ©tuelles, plus de ces folles pensĂ©es qui dĂ©gradent l’esprit. Car le travail diminue les passions, augmente les vertus et prĂ©pare un ouvrier honorable19. » 41Plusieurs articles insistent sur l’enseignement mutuel que se doivent, bĂ©nĂ©volement, les compagnons Article 3. – Pour ne pas avoir de profusion de maĂźtres, ce qui deviendrait trop coĂ»teux, on dĂ©montrera le dessin et la coupe de pierre ensemble [tous niveaux confondus], mais les Compagnons les plus instruits sur la coupe de pierre devront en faire part aux autres sans prĂ©tendre aucune diminution sur le prix de la classe et que ceux qui feront la coupe de pierre payeront, comme ceux qui feront le dessin, ce qui fera une diminution sur le prix de l’école. » Article 5. – L’enseignement sera censĂ© mutuel en l’absence du maĂźtre, c’est-Ă -dire que les plus avancĂ©s donneront des conseils aux moins forts, sans cependant que l’on enseigne ceux qui perdent leur temps. » 20 Ibid. Article 9. – Tout jeune Compagnon rĂ©sidant Ă  Paris sera tenu de venir Ă  l’école pour s’instruire sauf qu’il ne soit assez fort sur les parties que l’on dĂ©montrera, auquel cas il aura le droit de s’y refuser en montrant ses dessins, ou que les Compagnons attestent de son savoir. Mais il devra se rendre utile pour l’école par ses lumiĂšres [
]20 » Les dĂ©fis 21 Voir C. Braquehaye, DĂ©fi des compagnons “passants” et des compagnons â€œĂ©trangers” jugĂ© par l’Acad ... 22 L. Bastard et MathoniĂšre, Travail et honneur
,, p. 338-340. 42Ces cours trouvaient un prolongement dans les dĂ©fis que se lançaient parfois les compagnons des deux rites ennemis, les passants d’un cĂŽtĂ©, les Ă©trangers de l’autre. Si des luttes sanglantes les opposaient frĂ©quemment autour de grands chantiers, pour avoir le monopole des embauches, il arrivait qu’ils cherchent Ă  vider leurs querelles par le biais de dĂ©fis de stĂ©rĂ©otomie. Chaque clan possĂ©dait ses champions qui traçaient les Ă©pures et taillaient les maquettes en plĂątre. Ainsi, en 1771 Ă  Bordeaux, semblable dĂ©fi oppose la RĂ©jouissance de Tarascon et la PensĂ©e de Sainte-Foy21. En 1784, la Douceur d’Avignon, le dessinateur du frontispice de 1782, signe en tant qu’architecte-ingĂ©nieur le rĂšglement d’un concours devant ĂȘtre jugĂ© par les membres de l’AcadĂ©mie d’architecture de Paris22. Il s’agit tout autant, sinon plus, d’architecture que de coupe des pierres. En 1826 encore, semblable concours se tient Ă  Paris, se concluant par la fuite du compagnon passant, pris en flagrant dĂ©lit de tricherie. L’affaire est longuement rapportĂ©e par Agricol Perdiguier dans ses MĂ©moires d’un compagnon. Le concours, dont le rĂšglement avait Ă©tĂ© enregistrĂ© devant notaire, opposait deux champions dĂ©signĂ©s par leurs sociĂ©tĂ©s Bertrand Caron, dit la Fleur de Coutras citĂ© plus haut, note 17, pour les compagnons Ă©trangers, et un dĂ©nommĂ© Saint-Martin pour les compagnons passants. Les deux concurrents entrĂšrent dans des chambres gardĂ©es par leurs rivaux le 8 aoĂ»t 1826, pour rĂ©aliser chacun deux modĂšles en plĂątre, l’un selon un projet fixĂ© par sa sociĂ©tĂ© compagnonnique, l’autre par la sociĂ©tĂ© rivale. Mais le 6 novembre 1826, un procĂšs-verbal constate que le compagnon passant avait trichĂ©, des membres de son compagnonnage lui ayant fait passer par un trou percĂ© dans le mur des toilettes des objets prohibĂ©s par le rĂšglement du concours. Saint-Martin prend la fuite et la Fleur de Coutras est donc proclamĂ© vainqueur de ce concours. Le tour de France et l’émulation 43De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la fraternitĂ© compagnonnique offrait un cadre idĂ©al Ă  l’émulation. Il n’était nul besoin de crĂ©er des cours spĂ©cifiques pour ces autres savoirs qu’étaient l’architecture, la gnomonique, l’art des jardins ou l’arpentage. Les jeunes compagnons cĂŽtoyaient durant leur tour des anciens » installĂ©s comme entrepreneurs, architectes ou ingĂ©nieurs, qui leur offraient tout Ă  la fois des modĂšles sociaux et, le cas Ă©chĂ©ant, des enseignements dans telle ou telle spĂ©cialisation. 23 Voir MathoniĂšre, Joseph TeulĂšre 1741-1824 ou la quĂȘte des lumiĂšres ». 24 Voir MathoniĂšre, Jean-Paul Douliot
 ». 44On conserve des tĂ©moignages intĂ©ressants de cette Ă©mulation, telle l’incessante quĂȘte du savoir de Joseph TeulĂšre 1750-1824, qui, orphelin de pĂšre Ă  l’ñge de dix ans, dĂ©bute son parcours comme compagnon passant tailleur de pierre, suit des cours du soir Ă  l’AcadĂ©mie d’architecture de Paris, obtient en 1776 un poste d’ingĂ©nieur maritime Ă  Bordeaux, surĂ©lĂšve le phare de Cordouan, entretient des contacts avec Gaspard Monge, devient ingĂ©nieur-constructeur de la Marine, est nommĂ© en 1800 directeur des travaux maritimes Ă  Rochefort et adresse alors Ă  un nĂ©gociant de son village natal, Montagnac Lot-et-Garonne, un courrier oĂč il raconte en dĂ©tail son parcours pour inciter les jeunes gens Ă  ne cesser de s’instruire23. Ou encore l’importante production de traitĂ©s thĂ©oriques et pratiques relatifs Ă  la construction charpente, taille de pierre, stabilitĂ© des Ă©difices, gĂ©omĂ©trie descriptive, dessin de Jean-Paul Douliot 1788-1834, dit la PensĂ©e d’Avignon, compagnon passant tailleur de pierre, architecte et professeur d’architecture Ă  l’École royale gratuite de dessin de Paris24. 45De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il convient de ne pas sous-estimer la transmission par le biais des livres, nombre de compagnons sachant correctement lire et Ă©crire. L’idĂ©al vitruvien hĂ©ritĂ© de la Renaissance 25 Le premier tome de l’architecture de Philibert de L’Orme [
], fol. 51 vo. 26 Voir MathoniĂšre, Le Serpent compatissant
 46On soulignera enfin que lors de la cĂ©rĂ©monie de la rĂ©ception dans la confrĂ©rie compagnonnique, la vision sacralisĂ©e du rĂŽle situait la quĂȘte du savoir sur un piĂ©destal. On retrouve lĂ  un idĂ©al vitruvien », et chrĂ©tien, qui est clairement expliquĂ© par Philibert de l’Orme Ă  propos d’une gravure de son Premier tome de l’architecture25. On y voit, compas en main, un architecte sortir d’une caverne, symbolisant le lieu obscur de la mĂ©ditation et des Ă©tudes. La devise latine proclame De mille peines et mille empĂȘchements est retardĂ© l’Artisan docte et sage, quand par son Art, savoir et instruments, il cherche vers la Palme le passage ». Des trois pages d’explications que l’auteur consacre Ă  cet emblĂšme de sa composition, je ne retiendrai que ce qui concerne la palme, figurĂ©e par le palmier c’est le but auquel doit viser l’artisan et elle signifie gloire, honneur et victoire26. Et ce but est atteint grĂące au savoir. 27 Ibid. 47On retrouve l’essentiel de cette thĂ©matique vitruvienne dans le blason mĂȘme des compagnons tailleurs de pierre27. Celui des compagnons passants d’Avignon, dont le plus ancien actuellement recensĂ© date de vers 1710 fig. 10, en prĂ©sente l’exemple le plus synthĂ©tique entre les palmes, compas, Ă©querre et rĂšgle sont entrecroisĂ©s, symbolisant la gĂ©omĂ©trie, connaissance fondamentale, tandis qu’une couleuvre les entrelace Ă©troitement, symbolisant la Prudence, au sens ancien de l’expĂ©rience acquise. Au-dessus, un phylactĂšre porte la devise Labor – Honor », travail et honneur ». Fig. 10. – Blason des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon. DĂ©tail du rĂŽle de vers 1710. Arch. dĂ©p. Vaucluse, 1J 647/2. ClichĂ© Jean-Michel MathoniĂšre 48En conclusion, trois points sont Ă  retenir. 49Si la transmission des savoirs constitue aujourd’hui l’aspect le plus remarquable des compagnonnages, ce n’est toutefois pas lĂ  leur vocation originelle, qui Ă©tait la solidaritĂ© fraternelle. La naissance des sociĂ©tĂ©s de secours mutuels, puis des caisses de retraite et enfin de la sĂ©curitĂ© sociale est peu Ă  peu venue grignoter cette part de leur raison d’ĂȘtre, laissant ainsi place Ă  l’expansion de la transmission professionnelle, qui est en quelque sorte un heureux dommage collatĂ©ral ». 50Secundo, j’espĂšre vous avoir convaincu de l’importance qu’il y a de conjuguer au pluriel ce singulier phĂ©nomĂšne qu’est le compagnonnage, pour ce qui concerne ses multiples manifestations dans l’histoire. Ne succombons pas Ă  la tentation de certaines lectures anthropologiques, qui, Ă  force de schĂ©matiser, rĂ©duisent le champ des connaissances plutĂŽt qu’elles ne l’ouvrent. 51Enfin, nous avons entraperçu l’étendue des savoirs que les compagnons tailleurs de pierre cultivaient sous l’Ancien RĂ©gime. Ce faisant, ils s’efforçaient en quelque sorte de mettre en pratique l’injonction de Vitruve dans De Architectura, Ă  propos des qualitĂ©s que l’architecte doit possĂ©der 28 Vitruve, De l’architecture, livre I, chap. 1 et 3. Il faut qu’il ait de la facilitĂ© pour la rĂ©daction, de l’habiletĂ© dans le dessin, des connaissances en gĂ©omĂ©trie ; il doit avoir quelque teinture de l’optique, possĂ©der Ă  fond l’arithmĂ©tique, ĂȘtre versĂ© dans l’histoire, s’ĂȘtre livrĂ© avec attention Ă  l’étude de la philosophie, connaĂźtre la musique, n’ĂȘtre point Ă©tranger Ă  la mĂ©decine, Ă  la jurisprudence, ĂȘtre au courant de la science astronomique, qui nous initie aux mouvements du ciel28. »
\nchef d oeuvre compagnon tailleur de pierre
Tailleurde pierre chez Atelier de l'Ɠuvre notre dame La Riche, Centre-Val de Loire, France. Inscrivez-vous pour entrer en relation Atelier de l'Ɠuvre notre dame. Signaler ce profil ActivitĂ© Elsa Berthelot, 24 ans, est tailleuse de pierre. AprĂšs sept ans de formation chez les Compagnons du Devoir, elle achĂšve son chef-d’Ɠuvre : une Elsa Berthelot, 24 ans, est tailleuse de pierre
a-texle, aside, -spacs, figD4{mion, figure, footer, OnRyer, Oow-yp, nav, sthcal, ul { -32px}.Z .PON{t } audio, canvas, video { -32px}.Z x-orie-webkit } audiotext-iapp/rols] { -32px}.Z -left } g-co { [dir=rtl]var-; varcrol-ad}.AX -left } aolorv, aacrd}. { omargin- 0t } sub, sup { ght-semib{oveord}.; [dir=rtl]v75-; alcck;posit 0t }.lZJ{colorvar {widthct } sup { idth } sub { idthca } img { widthcalcvar-; -g-nc* 100% Hc{widt* 100% }.lZJ{colorvar middl.; e-0;pt 0t -ms-er-wipoeordon-mode bicubict } map_canvas img { widthcalcv-left } fieldset { id0;pt 0t ming-bt 0t 32px}htm 0t } ,html[d input, st%}., vararea { [dir=rtl]von-su ming-bt 0t }.lZJ{colorvar middl.; } ,html[d input { idthcalsizingl.; alcck;posit k}.PLt } ,html[ing-oz-dir=rtised-d inputing-oz-dir=rtised- { 32px}htm 0t e-0;pt 0t } ,html[d input[1{dis',html[']d input[1{dis'reset']d input[1{dis'submit'] { p24px} %}.kVcu d-primarappear .H ,html[t } vararea { idthcals 100% }.lZJ{colorvar topt } ,ody { ming-bt 0t } h1, h2, h3, h4, h5, h6 { ming-bt 0t } figure { ming-bt 0t } g-co { -ncols * 1calc 40px} } g-co, ,ody { }.ZY5{color rapple-system,Beta MacSystemFont,"Segoe UI",Roboto,Oxygen-Sans,Ubuntu,Canrarell,"Fira Sans","DvL3B Sans","Helvetext Neue",Helvetext,"ăƒ’ăƒ©ă‚źăƒŽè§’ă‚Ž Pro W3","Hiragino Kaku G-elec Pro",ăƒĄă‚€ăƒȘă‚Ș,Meiryo,"ïŒ­ïŒł ïŒ°ă‚Žă‚·ăƒƒă‚Ż",A{jus,sans-serif,"Apple flex- Emoji","Segoe UI Emoji","Segoe UI Symbol"% calc marg33, 25, 34% [dir=rtl]voleft Hc{widt*on-su } ,ody { ght-semib{oveord}.; idthcal-y idthlayt idthcal-xer-box}.j } inputing-left24 { -32px}.Z -left } ul { ming-bt 0t 32px}htm 0t } ul li { listtml[dir -left 32px}htm 0t } ont-si { omargin- d1d1d1s 100 1px } ,html[d input, st%}., vararea { [dir=-text-s rapple-system,Beta MacSystemFont,"Segoe UI",Roboto,Oxygen-Sans,Ubuntu,Canrarell,"Fira Sans","DvL3B Sans","Helvetext Neue",Helvetext,"ăƒ’ăƒ©ă‚źăƒŽè§’ă‚Ž Pro W3","Hiragino Kaku G-elec Pro",ăƒĄă‚€ăƒȘă‚Ș,Meiryo,"ïŒ­ïŒł ïŒ°ă‚Žă‚·ăƒƒă‚Ż",A{jus,sans-serif,"Apple feX1 Emoji","Segoe UI Emoji","Segoe UI Symbol"% [dir=rtl]von-su }.lZJ{colorvar middl.; ming-bt 0eft } .SkipToCction { -32px}.Z -left } .Alink reivesSeparatorCctiinuousbefoion+.Alink reivesSeparatorCctiinuousite-s { -ncols * mara0,0,0, d-primarleftvar- 0 1px 0 mara255,255,255,0] . e-ftvar- 0 1px 0 mara255,255,255,0] . app/fav ''. -32px}.Z x-orie-webkit Hc{widt*ols 3ht-semib{oveord}.; }.lZJ{colorvar middl.; -g-nc*37%t } . . { -ncols * 1calc 4d50c22 D{margin-lt } . . { -ncols * 1calc 4f5f3f3 D{margin-lt } .; .; { -ncols * 1calc 45e5e5e D{margin-lt } .-bas-base}. .-bas-base}. { -ncols * 1calc 40077e6 D{margin-lt } . . { -ncols * 1calc 4e6e6e6 D{margin-lt } .SignupBhtml[ont-si { leftvar- 0 * }htmlna0,[di, 255, 0] . omargin- 0t } keyframes loadingSaised- { to .PON,html rotate360deg;} } .loadingSaised-befoio { app/fav ''. left}.vdP{ e-0;pry}. 3ht-semib{ * 100%. idth cER{ ar- cER{ -g-nc*;padd Hc{widt*;padd ming-bwidth -10eft ming-bvar- -10eft e-100}htmlno cER{ e-100}idth 2nt"";di size-d e-100}horva 2nt"";di -colorvard animordon loadingSaised- 1s36px}. infnerct } .Tooltip_messagebefoion+.Tooltip_messageite-s { -0;poml[dir"";did app/fav ''. -32px}.Z .PON{t ming-bvidth -{bac 3ht-semib{ * 100%. horva on-su idth 17bac -g-nc*0t } .Tooltip_messagebefoio { -0;pocalc -colorvar mara0,0,0, . e-0;position 8px 10ef 8px 0t } .Tooltip_messageite-s { -0;pocalc -colorvar 40px} e-100}-g-nc*8px 10ef 8px 0t ming-bvhorva -ols } .Tooltip_suggesrdonMessagebefoion+.Tooltip_suggesrdonMessageite-s { -0;poml[dir"";did app/fav ''. -32px}.Z .PON{t ming-bvidth -{bac 3ht-semib{ * 100%. horva on-su idth 17bac -g-nc*0t } .Tooltip_suggesrdonMessagebefoio { -0;pocalc -colorvar mara0,0,0, . e-0;position 8px 10ef 8px 0t } .Tooltip_suggesrdonMessageite-s { -0;pocalc -colorvar 4E2780Dd e-100}-g-nc*8px 10ef 8px 0t } .Tooltip_mobileMessagebefoion+.Tooltip_messageite-s { -0;poml[dir"";did -32px}.Z .PON{t ming-bvidth -{bac 3ht-semib{ * 100%. horva on-su idth 17bac -g-nc*0t } .Tooltip_mobileMessagebefoio { -0;pocalc -colorvar mara0,0,0, . e-0;position 8px 10ef 8px 0t } .Tooltip_mobileMessageite-s { -0;pocalc -colorvar 40px} e-100}-g-nc*8px 10ef 8px 0t ming-bvhorva -ols } .Tooltip_s *pe- { 3ht-semib{ * 100%. ar- 0}.Jr00% + olef . not[di 1t } .Tooltip_mobileW *pe- { ming-bwidth 7bac not[di 1t } .TermsOfSerinli__000 a { calc mara255,255,255, -{box-sizidiv4class="zI7 iyn Hsup>44-5e37c0ExploreLog inSign upef=" solid var-color-border-container}.gSJ{border-colorvar-color-backgro
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Dansles pas d’un compagnon. Nous sommes en 1667 et aujourd'hui est un grand jour, Louis XIV a demandĂ© Ă  un compagnon de crĂ©er un grand bassin au centre des jardins du chĂąteau de Versailles. Une telle construction est l'Ɠuvre de plusieurs corps de mĂ©tiers : jardiniers, fontainiers, tailleurs de pierre et sculpteurs. A vous d'incarner
E-Book-Ordo ab chao23 septembre 2021OBJET MINIATURE MACONNIQUE COMPOSITION PIERRE CUBIQUE18 octobre 2021 Description Pierre cubique rĂ©alisĂ©e en plĂątre cĂ©ramique par un Compagnon Tailleur de Pierres. Pierre cubique de 7 cm x 7 cm x 7 cm. 0,440 kg. La pierre cubique Ă  pointe n’est pas un chef-d’oeuvre de taille rĂ©alisĂ© par le compagnon, mais un travail de perspicacitĂ© et de rĂ©flexion mettant en oeuvre le levier, afin d’en extraire le pyramidion. Le travail de la hache vient ensuite. Frais de port compris pour la France mĂ©tropolitaine. pour les DOM-TOM et l’étranger, veuillez nous contacter auparavant. RĂ©fĂ©rence P002 RĂ©alisation exclusive par notre partenaire.
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